[Concours de Rp:Ismir]La goutte qui fait déborder le tonneau

Gundin ne s'était absenté que quelques minutes mais ce laps de temps avait suffit aux maraudeurs pour lui dérober tout son stock de bière brune en provenance de Khazad-dûm. Ces fils de chienne allaient le payer , foi de Gundin, ils ne s'en tireraient pas comme ça ! Le nain roux ne cessait de grommeler des jurons khuzdul à l'encontre de ces satanés voleurs de bière.

Originaire de la Moria et gérant de la plus grande taverne des Mines, Gundin n'est pas un nain à prendre à rebrousse-poil. Rustre, malpoli et toujours entrain de s'énerver, il est capable de faire trembler quiconque ose se jouer de lui. Assis seul à une table du Poney Fringant, il ruminait la perte de son précieux chargement, de la bière qu'il devait livrer à Bree contre une belle somme d'argent.

Ces bandits s'étaient emparés de la délicieuse cargaison et Gundin se retrouvait comme un idiot qui ne pourrait jamais empocher les pièces d'or convenues. Y penser le rendait fou de rage et l'on pouvait facilement le comprendre mais Gundin voulait se venger : voler de la bière ! C'eut été un crime dans son pays mais ici, tous s'en moquaient, aussi la tâche de se faire des alliés serait dure.

Alors qu'il vidait d'un trait son hanap de bière et qu'il s'apprêtait à critiquer l'alcool local, il vit un groupe d'hommes se réunirent à une table non loin de la sienne. Il s'agissait de Dùnédain à en voir leurs habits kaki et marron. Ils semblaient anxieux et surveillaient sans cesse les alentours de peur d'être espionné. Sans mot dire, Gundin tendit l'oreille et put dicerner seulement quelques bribes de phrases.

".....faire quelque chose.....trop longtemps....." dit l'un d'eux.
"Oui.....débarasser Bree..... ces bandits..." lui répondit un autre.

L'intuition de Gundin lui fit se lever et il s'approcha de la table des Dunédains. L'un d'eux, qui faisait sans doute le guet sans en avoir l'air, se leva aussitôt et attrappa Gundin par les épaules pour le repousser.

"Vas t'en voir si j'y s... aahhh !"

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà Gundin avait refermé ses mains rugueuses sur les avant-bras du Dunedain et le fit reculer, presque agenouillé, tordu par la douleur à ses bras.
Les autres allaient se lever, la main au fourreau quand Gundin relâcha son étreinte. Il les regarda d'un air grave puis leur dit :

"Je n'suis pas là pour vous créer des ennuis, messieurs les Rôdeurs. J'ai entendu vos paroles et elles m'intéressent. Je veux en savoir plus sur ces bandits dont vous semblez avoir marre....et peur."

Celui qui sans doute était le chef des hommes du Nord, s'adressa à Gundin :

"Si tant est que nous parlions de bandits, en quoi cela vous concerne-t-il ami Nain ?"
"Cela me concerne car si ceux sont les mêmes qui ont volé mes tonneaux de bière, ça ira mal pour eux et je me ferai un plaisir à les découper en rondelle avec ma hache !"

L'homme parut soulagé. Il se rassit, les autres l'imitèrent. Celui des rôdeurs dont Gundin avait écrasé les bras, se leva lui cédant sa place. Le nain sourit puis s'assit à la table de bois. Sans rien demander, il se servit une choppe de bière, par habitude puis le vida d'un trait.

"Donc nous disions..." reprit le Dùnédain.

Les rôdeurs reprirent donc leur conversation, accompagnés de Gundin. Ils eurent du mal à faire comme si le nain n'était pas là mais l'aura qu'il dégageait (et l'odeur qu'il dégageait aussi) faillit déstabiliser plus d'une fois certains des Dùnedains tant redoutés des orques sur le champ de bataille. Aussi Gundin le comprit-il et tâcha de ne plus les fixer avec les sourcils en V et des yeux ronds.

Le meneur des Dùnedains se prénommait Barad, il était grand et brun tel les Hommes de Numenor autrefois. Il s'adressa à ses interlocuteurs d'une voix basse :

"Maître Nain, avant votre arrivée nous projetions de débusquer ces mercenaires car il s'agit bien de mercenaires. Ils se sont installés dans la Salle des Fêtes de Bree et ont l'étable qui va avec. Ils festoient chaque soir..."

"Avec mes tonneaux de bière." dit Gundin avec un air désabusé.

"Ou-oui. Et tous les soirs, c'est la même chose : ils pillent une taverne, une maison ou autre chose. Ils ont déjà violé trois filles et tuer un malheureux garde champêtre qui fut un peu trop présomptueux à leur goût."

A ces mots, les rôdeurs pestèrent car se remémorer tous ces crimes, ravivait encore un peu davantage leur haine envers ces brigands. Gundin, lui, écoutait avec attention les dires de Barad, il finit par prendre la parole :

"Bon et que comptez-vous faire ?! Faut les chasser de votre village, par Aulë ! Qu'est-ce que vous attendez ? La Dagor Dagorath* ?!!!"

"Bien sûr que non. Mais jusqu'à présent nos effectifs étaient trop faibles pour pouvoir rivaliser avec eux, ils sont quand même une trentaine, je vous le signale Maître Nain !", Barad faillit perdre son sang froid devant le ton de Gundin mais il se retint.

"Pfou ! Une trentaine ou une centaine, c'est la même chose pour nous les Nains."

"Si vous êtes si fort, Nain, pourquoi n'y allez-vous pas tout seul, hein ? Après tout, c'est la même chose !"

La tension était palpable et les réflexions ironiques de Gundin y étaient pour beaucoup. Le silence se fût, tous se calmèrent puis se remirent à penser à un plan. À la nuit tombée, leur plan était conçu et ils allaient pouvoir passer à l'action...



* : Dagor Dagorath est la bataille annoncée par les Elfes, qui signera la fin du monde, un peu comme l'Apocalypse chez les Chrétiens.