Non. V'ala n'était pas excitée, celui qui racontait cela était un menteur ou quelqu'un de bien malveillant, vu qu'elle n'était pas excitée, et donc pas impatiente, pas du tout fébrile.
De toute façon, dans tout les cas, la belle rousse n'était même pas sûre de pouvoir y aller. Les dernières fois que quelqu'un avait été couronné, elle s'était retrouvé retenue à Imladris par des affaires dites "urgentes" qui attendaient depuis des mois qu'on parle d'elles, les pauvres abandonnées.
Bon. Reprenons. V'ala venait d'être informée du couronnement prochain en tant que roi d'Arnor d'Eärendur, frère du roi actuel du Gondor Valarion et de feu l'ancien roi Tarondor II.
Jusque-là, tout allait bien.
La missive était arrivée le matin même. V'ala avait par ailleurs accueilli cette pause daans ces travaux classiques avec un grand soulagement - les années ne lui permettant de se faire à cette monotone tâche, malgré ses contours différents, car hélas parfois seulement intéressants et encore bien plus rarement passionants. Pendant quelques secondes, elle s'était demandé à qui s'adressait la lettre - une autre chose que les années ne faisaient pas, parfois elle oubliait qu'elle dirigeait Imladris - puis, ayant retrouvé ses esprits, l'avait lue une fois, puis une deuxième et une troisième.
Sa première réaction fut un sentiment de grande joie. Enfin, on ne resterait pas dans les tâches récurrentes et ennuyeuses du quotidien. Car, malgré le fait que ce soit écoulé un siècle depuis que V'ala ait accédé à la direction d'Imladris - quatre-vingt dix-sept années précisément -, elle restait avant tout une elfe formée pour être une guerrière, une espionne. Une personne d'action, pas de diplomatie, bien qu'aucun de ceux la pratiquant n'éprouvent de facilité à la manipuler - en fait, ils échouaient presque tous, et quand ils croyaient réussir, c'était parce que cela servait les intérêts de la rousse. Aussi, bouger lui manquait. Enormément.
Malheureusement pour elle, les elfes d'Imladris étaient les plus casaniers de tous et restaient confinés dans leur cité, en allant ne serait-ce que rarement au-dehors de ses murs.
Aussi, ils avaient, acharnés, réussi à la confiner pendant si longtemps à Imladris, depuis ce conseil elfe ne réalité, que la pauvre elfe en avait oublié presque jusqu'à la caresse du vent. Mais cette fois, elle était déterminée à bouger, à se libérer un peu. Et aucune affaire brusquement sortie de l'ombre - sauf peut-être une attaque des orcs de Gundabad - ne pourrait l'empêcher.
Si elle n'avait été aussi têtue - ce défaut qu'Aliedwhen avait tenté, sans succès, d'éliminer -, elle aurait peut-être flanché sosu les regards froids et déterminés de ses deux plus proches conseillers, Elossë et Calrendir.
Elossë était une petite elfe - V'ala la surpassait de presque que deux têtes - aux épais cheveux bruns qui lui tombaient - dernier choix en date - juste aux épaules en une masse compacte, lisse et brillante. Ses yeux étaient d'un gris clair parsemé de bleu ciel et sa peau bien foncée pour une elfe. Loyale et attentionnée, elle n'en était pas moins impitoyable quand elle défendiat son point de vue. Tout semblait la surprendre, tellement que cela montrait bien que ce n'était qu'une attitude, et rendait les négociations compliquées : chacun se demandait ce qu'elle savait réellement, et la plupart se faisaient avoir.
Dans le cas de Calrendir, c'était lui qui rendait une tête à V'ala, qui ne s'habituait toujours pas à cette impression d'être de nouveau une petite fille devant les froids yeux bleus et les traits sévères de l'elfe. Si Elossë souriait souvent, les Valars avaient visiblement oublé de donner à Calrendir les muscles necéssaires pour éxécuter cette action. Ses cheveux blonds possédaient moins d'éclats que la moyenne, bien que fins à souhait et tréssés de manière parfaite, accentuant encore cet effet de sévérité. Effet qui s'avérait malheureusement pas seulement une impression mais une vérité : il l'était, et pas qu'un peu. Très intelligent, il ne tolérait aucun débordement, et il arrivat à V'ala qui menait la danse entre elle et lui, malgré son grade supérieur.
Elle inspira à fond. Détendue, soit détendue et concentrée. Rejetant une mèche de cheveux roux, elle s'apprêtait à commencer quand Elossë dit de sa vois éthérée :
-Je suppose que tu veux aller à Fornost ? Et que tu ne veux pas entendre nos propos ?
Ce qu'elle ne digérait pas, visiblement.
-Là, je dois te dire que tu te trompes. Je serais en ravie d'entendre ce que vous avez à dire, tout deux, pour m'empêcher d'y aller... Et, bien que cela est déjà réussi à me retenir, cette fois j'y assisterais. A moins que vous ne soyez particulièrement... Persuasifs.
-Vraiment ? Et bien, le fait que nous ayons énormément de sujets à traiter ne te paraît-il pas suffisant ? De toute manière, que ferons-nous ? Toi, tu as ta place là-bas, mais nous autres ne l'avons pas. Et puis, il y a ta sécurité.
Ah. Visiblement, cela n'enchantait pas du tout Calrendir. Il était bon au combat, mais l'idée d'un problème ailleurs que son terrain habituel... L'angoissait énormément.
-Je l'appuie. Entièrement.
-Pas moi... Ne fais pas l'innonçent : les sujets dont tu parles patienteront bien quelques temps, vu qu'ils ont déjà attendu depuis plus longtemps si c'est comme la dernière fois. Quand à ma sécurité, je suis déjà parfaitement capable de me débrouiller toute seule, mais une escorte était bien évidemment prévue. De toute manière, je serais autant en sécurité là-bas qu'ici. Enfin, si tu te sens si mal à l'aise dans ces... réunions, je te confie avec joie la charge du refuge pendant mon absence. Elossë suffira bien à m'accompagner, et elle n'a pas les mêmes réticences que toi.
La concernée lui adressa un sourire un peu grimaçant. Si Calrendir n'avait pas réussi à la déstabiliser suffisamment pour lui faire abandonner le sujet, elle n'avait rien à en dire. Et puis, au fond d'elle-même, visiter Fornost ne lui déplairait pas. Elle se contenta de dire :
-Cela sera dans combien dans de temps ? Trois semaines ? Alors attends avant de partir. Nous sommes à... Quoi, , une bonne journée, disons deux, de Fornost ? Si tu veux veux bien, tu pourrais partir seulement cinq jours avant le couronnement ? Et prendre une quinzaine de guerriers dans ton escorte ?
V'ala soupira. Elle serait bien partie plus tôt, mais visiblement ces deux-là n'accepteraient les choses que si elle se pliait à leurs quelques conditions. La belle rousse obtempéra :
-Si vous n'essayez pas de trouver un autre moyen pour me retenir, c'est bon.
-Je préfèrerais ne pas répondre ne pas répondre à cette accusation. Evidemment, nous ne ferons rien. Déjà, nous t'avons fait rentrer quelques conditions dans la tête, ce n'est pas rien.
Ils se retirèrent. Finalement, ça c'était très bien passée. Bon, il restait encore les préparatifs, mais si elle n'avait pas eu à débattre des heures, c'était déjà très bien.