Un cahot me fit bondir sur place, et je manqua de toucher le plafond avec le sommet de mon crâne. Je retomba sur un coussin percé qui amortit ma chute, et maudit brièvement le chemin abimé. Je posa ma main sur ma tête, et me la frotta machinalement. Une voix nous demande si tout allait bien, et je regarda autour de moi. Les caisses remplis de marchandises en toute sorte avait tenu en place pour la plupart, mais deux d'entre elle s'était renversée, sans s'ouvrir heureusement. Connaissant leur contenu, je ne m'étonnais pas plus que cela. Des tuniques, des pantalons, des chaussettes... Pour ceux qui m'avait accueilli pendant mon voyage, ce sacre n'était pas autre chose qu'un immense marché où ils pourraient vendre leurs produits. J'annonça à voix hautes que tout le monde allait bien, et un grognement aquiessa. Je vis alors la fille du couple sortir de sous un tas de vêtements entassés. Mince, je n'avais pas vu cette caisse, qui s'était ouverte, et tout son contenu s'était renversé sur Valiviel. Elle se releva en toussant, et, s'agrippant à une planche du mur, commença à ranger le matériel dans leurs conteneurs.
Un nouveau cahot se produisit presque au moment où elle allait fermer la boîte, ce qui rendit son travail à néant et la força à tout recommencer, non sans grogner deux fois plus. Je souris en posant ma tête sur mes mains, et, faisant mine de regarder autre part, l'espionna du coin de l'oeil. Malheureusement, ce court moment de bonheur se termina en même temps que l'incessant roulement de la caravane. Un fouet claqua, mais les chevaux refusaient de repartir, se bornant à frapper le sol de leurs sabots. D'un bond, je descendis du véhicule et m'avança, non sans peur, vers l'attelage. Je ferma les yeux en m'arrêtant à bonne distance d'eux, et pris la parole sans les ouvrir, extrêmement concentré. Une langue inconnu de tous s'éleva dans les airs, voletant tel un papillon avant de s'engouffrer dans l'oreille des chevaux. Je leur demanda dans leur langue la raison de cet arrêt, et l'un d'entre eux me répondit que la fatigue et la faim était la cause de cette pause. Je rouvris les yeux et me dirigea vers l'homme et la femme, toujours assis à l'avant, qui avait assisté avec stupéfaction à notre échange.
Lorsque je leur expliqua la raison, ils restèrent quelques secondes pétrifiés avant de se lever lentement, et de s'enfoncer dans la caravane. Je restai quelques minutes à les attendre, craignant qu'ils aient pris peur, mais ce fut un soupir de soulagement qui s'échappa de mes lèvres lorsqu'ils revinrent, les bras chargé d'eau et d'avoine. Les brave bête purent prendre ainsi un repos bien mérité, et, le soleil chutant à l'horizon, nous décidâmes de reprendre le chemin, Fornost se situant encore à moins d'une heure de route. Au loin se profilait déjà les murs d'enceinte de la cité qui allait abriter le légendaire événement. Un fouet claqua, brinquebalante, la charette se remit en route. Fornost, me voilà...