L'enquête commence [2010]

[Suite de "un incident facheux" à la caserne]

Un instant plus tard, le capitaine Lex descendait à grandes enjambées vers les lieux du crime, accompagné par Beren, Halma et le sergent Daihil. Très calme, comme à son habitude, il parlait néanmoins rapidement à ses subordonnés:

-Sergent Daihil, veillez à ce que personne de chez nous n'ordonne d'envoyer des patrouilles pour l'instant, mais faites renforcer discrètement, j'insiste sur ce point, la surveillance aux portes . Il est peu probable que les coupables soient encore à Minas Tirith si ce sont des professionnels, mais on ne sait jamais.

-Tout de suite, capitaine, répondit Daihil, en s'éloignant au pas de course vers les portes.

-Sergent!

-Oui, capitaine? Daihil s'était retourné vers le capitaine, attendant d'autres ordres.

-Revenez vite, j'aurai sûrement d'autres instructions pour vous.

Le sergent hocha la tête et repartit prestement vers les portes. Lex, lui, ne s'était pas arrêté et arrivait maintenant devant la maison du forgeron, où les corps traînaient au sol.

-Bien. Ce qui est sûr, c'est que nos bonhommes ne sont pas très recommandable, et que le quartier en lui même est pas très recommandable. Ce qui veut dire, Beren?

-Je ne sais pas, capitaine. Répondit le garde.

-Ces gars là sont connus pour être des ivrognes et des chahuteurs. Ils peuvent devenir méchants si ils sont en bande et qu'une « proie » leur tombe sous la main. Et comme ils étaient en bande, j'en déduis qu'il s'agit soit d'un affrontement entre deux bandes de voyous, comme c'est courant dans ces quartiers, soit qu'ils ont attaqué un homme extrêmement fort dans la maîtrise des armes ou aidé par d'autres amis qu'ils n'avaient pas vu au moment de l'agression.
C'était Halma qui avait parlé, désireux de montrer à son ami et capitaine qu'il pouvait lui aussi réfléchir.

-Pas mal du tout, Halma. Mais cependant, tu peux encore faire mieux, j'en suis sûr. Si il s'était agi d'un règlement de comptes entre deux bandes rivales, penses tu vraiment qu'il n'y aurait eu que des morts au sein d'une bande? Peu probable.

-Les vainqueurs auraient pu enlever les corps des membres de leur bande.

-Non, car en ce cas, il y aurait eu des traînées de sang. Ils n'auraient pas pu tout nettoyer en une nuit, et même si ils l'avaient fait, le sang des bande victimes aurait été nettoyé avec le leur, puisqu'ils auraient combattus et seraient morts au même endroit, or, ce n'est pas le cas. A mon avis, on peut écarter le combat de rue entre bandes.
Il est aussi peu probable d'imaginer une bande d'amis qu'ils n'auraient pas vue se jetant au secours d'une victime. D'abord, une telle bande seraient difficilement passée inaperçue, ensuite, pour les mêmes raisons que précédemment.
A la rigueur, un homme ou deux auraient pu intervenir de la sorte, mais pour qu'ils aient fait un tel carnage, ça serait des professionnels, par exemple des gardes du corps qui protégeaient à distance notre hypothétique « victime ».

-Ils auraient toujours pu attaquer un homme d'armes expérimenté.

-Une bande de voyous qui attaquerait un tel personnage? Même soûls, ils ne se seraient jamais risqués à attaquer ce genre d'homme. Cette hypothèse est aussi à éliminer. Je vais examiner les corps des victimes avant d'aller plus loin.

Le capitaine Lex se pencha sur les corps, examinant les blessures sur chacun d'entre eux, les postures des corps et les expressions des visages des morts. Il fouilla aussi minutieusement chaque cadavre. Lorsqu'il releva la tête vers ses hommes, son visage exprimait une intense réflexion.
Quatre corps ici. Deux non loin. Six morts en tout. Tous tués à coups de dague, d'après leurs blessures. Rien de particulier sur les corps des morts, à priori.

-Bien. Une autre chose me paraît maintenant certaine: les corps des morts n'ont pas été fouillés. Ils n'ont pas été tués pour l'argent. Le travail d'un seul professionnel, en tout cas, ça ne fait aucun doute, voyez cette blessure sur cet homme: en plein œil, et celles-ci: toujours un seul coup, précis et mortel. Ce qui nous laisse encore deux possibilités...

Daihil, qui venait juste de revenir, tenta alors d'imiter Lex dans une de ces déductions:
-Je vais essayer, capitaine: ou ils ont été tués volontairement par un professionnel, les raisons de leur en vouloir ne devaient pas manquer, ou ils se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, et on leur a « réglé leur compte ». On ne pourra donc pas remonter à la source avant d'avoir mis la main sur le professionnel en question.

-Mais qui pourrait bien être ce mystérieux professionnel, et laquelle des deux hypothèse est la bonne?

-Ça, Beren, quand on le saura, on aura fini l'enquête... Néanmoins, le professionnel à quand même eu l'amabilité de nous laisser un petit indice: ce petit morceau de cuir déchiré et ensanglanté, de type féminin, certainement. Bien mince, je te l'accorde, mais ça n'appartenait pas aux victime, c'est donc soit à l'assassin, qui serait alors l'assassine, soit à quelqu'un qui était avec l'assassin, c'est déjà ça. Et les voisins?

-Vous les connaissez, capitaine, tous des pourris, dans ce quartier. Rien vu, rien entendu.

-Evidement... Répondit Lex, pensif. Sergent Daihil? J'aurai à vous parler. Rendez-vous chez moi, d'ici une heure. Beren, occupez vous des corps. Halma, filez demander aux gardes de la porte si ils ont vu une femme ou une jeune fille, pas trop âgée, en bonne forme physique, mais probablement blessée, quitter récemment la ville. Je ne me fais pas trop d'illusions sur leur réponse, mais bon, on ne sait jamais...

Sur ces mots, Lex rentra au poste de garde, puis, après avoir entendu le rapport de Halma, il rentra chez lui. [Suite dans « Les préparatifs du départ »]