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 Poursuite dans le désert

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2 participants
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Thalya
Stratège de Khand
Thalya


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Race et Origine: Humain (Khand)
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MessageSujet: Poursuite dans le désert   Poursuite dans le désert Icon_minitimeSam 3 Sep - 20:25

[Suite de "Voyage en Harad"]

Melek supportait mal ce qui lui arrivait. Depuis que sa Reine s'était évanouie, dans le palais du riche haradrim, il avait conscience de lutter au bord du précipice. Il avait presque franchi la limite qui séparait la raison de la folie, il se trouvait sur le fil. Mais, à force d'âpres luttes mentales, il était jusqu'ici parvenu a garder le contrôle de lui, de justesse. Lorsque Kyros s'était enfui, Melek avait d'abord eu envie de le suivre. Mais il ne l'avait pas fait. Il était trop faible, trop lâche, trop peu méritant. Tout ce qu'il était, il ne l'était que grâce à l'argent gagné par son père, à sa fourberie et à sa cruauté passée. Tout cela, il ne le supportait plus maintenant, ainsi qu'il ne supportait plus de se trouver près de cette déesse si magnifique qu'il aimait et qu'il avait l'impression de gêner et de salir. Comment pouvait-il être digne d'elle, comment pouvait-elle compter sur lui, comment pouvait-il être un de ses Stratège en ignorant presque tout de la stratégie et de la guerre, comment pouvait-il être l'un de ses plus proche conseillers alors qu'il était lui-même perdu? Cela ne se pouvait, cela ne se devait, pour lui. Cette récente nouvelle manière de voir la vie lui avait d'abord fait croire à une renaissance, une nouvelle vie loin des vices dans lesquels il avait vécu toute sa vie passée. Mais rapidement, il avait perdu cet optimisme qu'il trouvait maintenant insensé et néfaste pour celle pour qui il aurait tout fait. Ce furent ces facteurs qui le poussèrent jusqu'aux derniers retranchements de sa raison, jusqu'à l'extrême limite des souffrances endurables par son esprit.

Sa souveraine, Serenya, n'avait rien fait pour lui rendre l'épreuve qu'il endurait plus douce. Elle ne semblait rien deviner du combat titanesqe qui se déroulait dans les tréfonds de l'esprit de son Stratège. Les récents évènements avaient apporté un coup de plus à l'esprit fragilisé de Melek. Il avait en vain tenté de s'enfuir, en donnant sa démission, mais elle l'avait refusé. Elle l'avait réprimandé, comme toujours, car cela était juste. Elle ne se trompait jamais: il était inutile, dangereux et néfaste pour elle. Ne voyait-elle pas cela, ne comprennait-elle pas le dnager qu'il reprénatait pour elle, la tâche qu'il était sur son éclat autrement immaculé?

La fuite de Kyros, qu'il considérait comme étant sa faute, lui était insuportable. Le garde du corps, dont il s'était d'abord méfié, puis, au fur et à mesure que le temps passait et que lui-même devenait de plus en plus fou, il s'était mis à l'admirer. Serenya n'en avait rien su, de même que pour la douleureuse bataille qui se déroulait dans l'esprit du Stratège, car Melek cachait extrêmement bien son jeu, il avait ça dans le sang. Cette fuite avait apporté un nouveau coup puissant qui avait sérieusement ébranlé Melek: par sa faute, le meilleur atout de Serenya avait disparu, peut-être à jamais. Le pire était que celle-ci, la Reine de son corps et de son coeur, qui comptait plus que tout au monde, sembla d'abord n'en avoir pas conscience. Le regardant bizarrement, elle leur avait dit, à lui et à ce médecin-aventurier du nom de Tarantio qu'elle avait pris pour champion:

"Eh bien c'est parfait. Melek, Tarantio, nous partons tous les trois dès maintenant. Je sais où ce cinglé irait se cacher... je le connais bien."

Melek ne comprit pas toute la phrase, tant le combat intérieur qu'il vivait à chaque instant depuis des jours était arrivé à son paroxysme. Les mots qu'il en retint le plongèrent encore un peu plus dans la folie, par ce qu'ils impliquait: "Eh bien c'est parfait, Eh bien c'est parfait!". Cette phrase tourait en boucle dans sa tête. Comment cela aurait-il pu être moins parfait que dans la situation actuelle? Kyros, le seul qui, selon Melek, méritait vraiment de servir Serenya, était partit. Elle était seule, entourée par des démons grotesques, tels que lui et ce Tarantio, et elle les prennait pour des alliés! Elle voulait partir avec eux, alors qu'ils ne méritaient que le pal pour les transpercer et les renvoyer de là où ils venaient, c'était à dire de l'enfer.

Cependant, au prix d'un immense effort de volonté, Melek parvint à garder, du moins en apparence, le contrôle de lui-même. Et il partirent, suivant Serenya, dans le désert, après s'être équipés. Lui même ne savait pas ce qu'il avait emporté, se contentant de prendre les affaires qu'on lui donnait et de les mettre sur son cheval. Puis ils étaient partis dans le désert environnant, Melek ignorait où, lui, sur son cheval, se contentait de suivre Serenya et Tarantio, à pieds.

La tête enturbannée, il était ailleurs, bien bien loin du désert. La bataille faisait rage. Les hommes tombaient comme des mouches à ses cotés, la fin était proche... Sur sa jument blanche et harnaché d’or, Melek, son cimeterre courbe à la poignée d’or sertie de rubis au clair, vêtu d’une armure royale, ralliait à lui ses derniers hommes. Ils n’étaient plus guère qu’une petite trentaine d’hommes à pied, déjà fortement entamés par les combats, juchés en haut d’une colline et acculés à une falaise. L’ennemi, plusieurs milliers d’orques à la mine sauvage, allait lancer l’assaut final. Il n’y avait plus l’ombre d’une chance. Pourtant, lorsque l’ultime vague d’assaillants arriva sur eux, Melek et ses hommes, défendant vaillamment leurs vies dans un dernier carré, frappèrent sans relâche. Le Melek-roi vit ses meilleurs soldats tomber un à un à ses cotés, leurs visages figés à jamais dans des expressions de souffrance, avant de disparaître sous les pieds immondes de la marée ennemie. Soudain, après un temps interminable de combats, le cercle des défenseurs devenant toujours plus petit, Melek fut seul, seul parmi les orques. Un cri de guerre rauque sortit alors de ses poumons, et le roi chargea, frappant à droite et à gauche inlassablement, parant, esquivant et faisant fit des lames qui le frappaient et étaient détournées par son armure. Le sang coulait, partout. Melek, meurtri et couvert de contusions et coupures légères, fatigué par la durée des combats, savait qu’il ne tiendrait plus longtemps. Soudain, sa fidèle jument Yana, une pur-sang blanche habituée à la guerre, et qui l’avait portée pendant toute la bataille, s’effondra sous lui, le ventre ouvert par une hallebarde orque. La douleur fut terrible, mais il ne fallait que Melek lâche son arme ou ne puisse pas se relever. Se dégageant rapidement de sous son destrier tombé, Melek frappa au ventre l’orque qui lui face, puis, dégageant rapidement tandis que celui-ci s’effondrait dans une mare de sang, il se retourna et décapita un autre orque d’un coup puissant. Il para deux lances, encaissa un coup de hache qui fut détourné par son épaulière cabossée, puis riposta, tranchant la jambe de l’orque à la hache, et se retournant lestement pour éliminer l’un des lanciers. Sa lame d’acier recouverte d’or, couverte d’un liquide rouge sang fondit, telle une flamme, dans le corps de l’orque, le transperçant de part en part et le laissant sans vie. Melek retira promptement le cimeterre du corps, voulut se retourner pour faire face aux adversaires qui arrivaient de derrière lui, lorsqu’une douleur dans sa poitrine l’arrêta net. Sentant son énergie baisser anormalement vite, sa vie s’écouler, il pencha les yeux sur son torse, et aperçu la pointe de la lance qui l’avait transpercé, avant de sombrer dans l’inconscient.
La jument de Melek s’emballa brusquement, alors que le sommet de la dune, composé de sable pourri, sembla s’effacer sous elle, la précipitant dans la pente plus que drue de sable instable qui se trouvait au dessous de la crête sur laquelle le groupe se déplaçait. La monture descendit à une vitesse folle, mais il lui fut impossible de garder son équilibre sur la rude pente de sable instables, qui glissaient vers l’aval, empêchant toute tentative de stabilisation, d’arrêt de la descente ou tout simplement de rester debout, même pour un cheval. Melek fut précipité à bas de sa monture par la chute de celle-ci. La jument et lui descendaient maintenant la dune sans aucun moyen de s’arrêter ou de contrôler leurs descentes infernales. Il fallut un miracle pour que le Stratège ne fusse pas englouti dans l’avalanche de sable. Miraculeusement, le Stratège, très amoché et probablement inconscient, arriva vivant en bas de la dune, après une descente d’une cinquantaine de mètres au moins dans un enfer de sables glissants et dévalants la pente très escarpée, tandis que sa monture, pourtant plus solide que lui, n’avait pas eu cette chance insolente, et avait été engloutie dans l’avalanche de sable. Il n’y avait pas une chance sur mille de dévaler vivant cette dune par cette face. Le seul itinéraire viable pour la descendre la contournait, ce qui prenait beaucoup plus de temps mais avait l’avantage élémentaire d’être sûr. Du haut de la dune, Serenya et Tarantio ne purent que regarder, impuissants, le corps sérieusement amoché de Melek arriver en bas de la dune. Soudain, un pieu jaillit du sol, transperçant de part en part le malheureux inconscient au niveau de la poitrine, tandis que des grilles se dressaient autour de son corps, comme pour empêcher le corps inanimé de fuir son destin. Ils venaient d'assister à l'empalement en bonne et due forme de Melek, Stratège du serpent.

Les deux compagnons restants, Serenya et Tarantio, ne pouvaient pas descendre la dune par le même chemin qu’avait malencontreusement prit Melek pour l’aider, à moins de vouloir mourir inévitablement à leur tour. Bien entendu, ils pouvaient aussi décider de le laisser, et de continuer à chercher Kyros, qu’ils savaient maintenant tout proche, quelque part en contrebas de la dune. Quoi qu’il en soit, ils allaient devoir contourner la dune, ce qui prendrait bien une heure, au bas mot, et éviter les pièges, qu’ils savaient maintenant cachés dans le sol. Ces pièges enfouis étaient ceux d’un professionnel, il leur faudrait être très prudents: des grilles enfermaient la victime, tandis qu’un pieu sortait du sol et empalait le malheureux piégé.
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Tarantio
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Tarantio


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MessageSujet: Re: Poursuite dans le désert   Poursuite dans le désert Icon_minitimeDim 4 Sep - 15:56

Tarantio avait passé la majeure partie du trajet à réfléchir à son nouveau statut de Champion de la Reine de Khand. La première chose qui s'imposait à son esprit était que pareil poste était fort enviable, et tout à fait exceptionnel pour un jeune homme de seulement vingt-et-un ans. Sa carrière, déjà peu commune, venait de sauter au plus haut métier officiel que puisse espérer un épéiste de son envergure. Et le jeune haradrim se félicitait pour cela, car il savait avoir une chance incroyable. Pendant tout le trajet, il avait observé, plein d'insouciance, la reine Serenya, qui était alors trop préoccupée par la fuite de son garde du corps pour le remarquer. Le candide bretteur trouvait cette jeune femme très belle, sans que son titre de reine entre en ligne de compte : Tarantio était charmé par son visage délicat, par les douces colorations de sa peau, par sa voix envoûtante, ses yeux au regard si profond qu'il lui semblait qu'il lui transperçait l'âme, et que la jeune reine lisait en lui comme dans un livre ouvert. Le cœur de Tarantio avait battu plus vite et plus fort lorsqu'il l'avait vue pour la première fois, éveillant en lui un désir brûlant de partager chaque instant de sa vie avec elle. A nouveau, la voix railleuse de Dace emplit son esprit, dénigrant de si pures pensées par quelques mots mesquins :

"Toi, on peut dire que tu choisis bien ta femelle, frérot. C'est bien d'avoir de l'ambition. Mais j'ose espérer de toi qu tu me laisseras passer quelques moments avec elle, hein ? Tu ne garderais pas tout pour toi... Moi aussi, j'aime m'amuser, parfois..."

Le ton narquois de Dace irrita Tarantio, qui, crispé, répliqua en protestant :

"Elle n'est pas comme ça, Dace. Je ne crois pas que tu seras satisfait ; elle ne m'aimes pas, elle semble seulement m'apprécier.

- Oui, c'est cela, Tio. On commence par s'apprécier, ensuite on se met à s'aimer, et après on consomme la passion partagée... Je ne suis pas idiot, frérot : je sais que tu espères son amour."

Mentalement, Tarantio explosa : une réaction de jalousie -peut-être, d'énervement -certainement, et de lassitude combinés, qui lui fit répondre
vertement :

"Ton amusement est le combat ! T'amuser revient à tuer ! Tu ne semble reconnaître que l'amour charnel ! Je ne te laisserais pas "t'amuser" avec elle, jamais !
Et puis, tes piques incessantes m'épuisent : puisque je te dis que je n'ai aucune chance de la séduire ! Fiche-moi donc la paix un moment !"

Un long rire sardonique résonna dans son esprit, et Tarantio se renfrogna, vexé que Dace lise ses rêves et les brise sans vergogne, étouffant ses espoirs les plus secrets dans l’œuf.



***


Lorsque l'accident se produisit, Tarantio n'était donc pas en mesure de prévenir Melek pour le mettre en garde quant à la possibilité de dangers aux alentours. Ainsi, c'est avec quelques secondes de retard que le jeune épéiste sauta de cheval, et se précipita à la suite du stratège... juste à temps pour le voir dévaler la pente de l'immense dune, être éjecté de sa monture prise dans l'avalanche sablonneuse, rouler dans le sable et s'empaler sur un épieu acéré jailli du sol, la poitrine transpercée alors que des grilles se refermaient à la manière de sinistres mâchoires sur lui. Un simple coup d’œil suffit à Tarantio pour constater que Melek perdait une grande quantité de sang à chaque seconde qui passait, et que ses modestes capacités de soins seraient impuissantes à lui venir en aide. De plus, pour rejoindre le blessé sans prendre de risques, il faudrait contourner la dune entière... et Melek serait déjà mort depuis un bon moment, vidé de son sang. Testant de son pied droit le versant de la dune, le jeune homme s'aperçut que le sable était trop instable, que chercher à descendre la dune relèverait de la folie pure, et reviendrait à se jeter à son tour vers de grands périls, et à mourir enseveli.
Tandis qu'il jetait un coup d’œil à Melek, dont la poitrine vomissait à présent des flots de sang, maculant de pourpre le sable alentours, une voix familière résonna dans sa tête :

"C'est moche, ça, comme blessure, Tio. Je lui donne encore deux ou trois minutes à vivre, à vue de nez."


Et Tarantio savait que Dace disait la vérité. Mais, ne sachant que faire, il se tourna vers Serenya, à ses côtés sur la dune, et une grande inquiétude se lisait dans ses yeux d'un bleu profond...
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